Selon l’animatrice Isabelle Maréchal, les rappeurs doivent arrêter de dire le « N-Word »
En pleine période de renforcement des revendications du mouvement Black Lives Matter suite, notamment, au récent assassinat de Georges Floyd, force est de constater que la question reste épineuse.
Au Québec , la professeure Verushka Lieutenant Duval a relancé malgré elle la polémique. Retour sur l’affaire au sein de l’université d’Ottawa puis dans le milieu du hip hop, qu’on pourrait penser moins concerné, à tort…
La dernière polémique en date au Québec a ravivé le débat houleux autour du « N-Word et de la défense de la cause noire. En septembre, Verushka Lieutenant-Duval, professeur à l’université d’Ottawa a prononcé le mot en N dans un cours d’histoire afin d’illustrer son propos sur le thème des identités visuelles. Suite à cette déclaration, une des élèves a porté plainte. L’école a donc décidé de suspendre la professeure temporairement. L’affaire a fait grand bruit et a ébranlé tout le personnel de l’université. La controverse a entrainé une scission entre les différents professeurs : d’un côté ceux qui soutiennent l’étudiante et de l’autre, ceux qui soutiennent la professeure.
La médiatisation de l’affaire est telle que les politiciens ont aussi donné leur avis. C’est le cas du Premier ministre du Québec Francois Legault qui tient à insister sur l’importance de la liberté d’expression dont a voulu faire preuve la professeure : « Les universités doivent être des endroits où on peut faire des débats, où la liberté d’expression est importante ».
Le chef du Nouveau Parti Démocratique canadien, Jagmeet Singh, est, quant à lui, scandalisé par l’utilisation du « N-Word » : « C’est tellement important que nos milieux d’éducation soient sécuritaires pour tout le monde qu’on n’y ait aucun exemple de racisme systémique. (…) C’est tellement clair qu’une professeure ne doit pas utiliser un mot comme ça, qui est plein de racisme historique, qui peut blesser les autres ».
La professeure, elle, se dit « bouleversée ». Elle s’est même excusée et affirme regretter d’avoir utilisé ce « mot interdit » lors d’une interview au micro de Radio-Canada auprès de « la communauté noire ou à toute autre personne que sa mention du mot, dans le cadre d’une présentation académique et savante – a pu blesser ou offenser ». Elle a aussi fait part de sa surprise car, pour elle, l’université est avant tout un lieu vecteur de liberté d’expression où elle a pour habitude de provoquer le débat en abordant tout type de sujet comme la « théorie queer des personnes de couleur » ou encore les discriminations contre certaines minorités.
En pleine médiatisation de l’affaire, l’animatrice Isabelle Maréchal de la radio 98,5 fm a débattu avec ses auditeurs sur ce sujet. Employer le « N-Word », aurait un impact négatif s’il est utilisé par une personne blanche. Certains ont tôt fait de voir ressurgir les souffrances de l’esclavage : nègre étant un mot péjoratif des esclavagistes pour désigner les esclaves.
Bien que les rappeurs affectionnent particulièrement le mot « nigga », certains médias pointent du doigt la banalisation du mot par la scène hip-hop, de quoi jeter un peu plus d’huile sur le feu.
L’animatrice Isabelle Maréchal a justement parlé de Kendrick Lamar, à ses auditeurs : en plein Hangout Festival en Alabama. Le rappeur a invité une jeune fan blanche, à venir chanter avec lui « M.A.A.D city », où le N-Word est utilisé à plusieurs reprises. Au cours de la chanson, il la stoppe alors pour qu’elle censure ce mot. Une prestation ponctuée par les sifflets du public. La polémique a alors entraîné des opinions divergentes en cascade. Les utilisateurs des réseaux sociaux ont tour à tour dénoncé l’hypocrisie du rappeur, qui a lui-même fait mention du n-word dans sa chanson, quand d’autres ont pris parti pour Kendrick.
Selon Isabelle Maréchal, cette manière de faire représente un racisme inversé. Si les blancs ne peuvent pas utiliser ce mot, les rappeurs non plus.
JDHH vous dévoile un extrait audio ci-dessous.
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