Le Journal » Articles » Le film qui retrace la naissance de Suprême NTM est enfin sorti
Publié le 6 novembre 2021 à 10h06

Le film qui retrace la naissance de Suprême NTM est enfin sorti

86185DF9-4FAE-497C-9473-F316F570359F

 


Actuellement présenté en salle, dans le cadre du festival CINEMANIA, Suprêmes est le biopic du mythique groupe de rap français Suprême NTM, composé de Joey Star et Kool Shen.
 

51C5E214-9CB1-4155-8D46-9C0CA0400D82

 

Réalisé par Audrey Estrougo à qui nous devons le film Tolarde, le projet ne se veut pas seulement une ode au groupe, mais aussi un rappel collectif sur son impact social et politique dans les banlieues parisiennes dans les années 80-90 en France.
Pour mieux comprendre les origines de ce film qui retrace le parcours de l’un des plus grands groupes de l’histoire du HIP-HOP français, j’ai été à la rencontre de l’artiste derrière cette œuvre.


C’est fou, mais à ce jour, aucun film n’existe sur le célèbre groupe de rap.
Audrey Estrougo m’explique alors que Joey Starr et Kool Shen ont toujours refusé les scénarios qu’on leur a proposés. Pourtant, ils ont validé le sien m’explique-t-elle.

 

8459686C-EBC8-49AF-AD21-F71CE3CB57C9

 

« Si un film devait être réalisé sur eux, il fallait qu’il ait une portée sociale et politique, si le film n’était pas le témoin de quelque chose au-delà d’eux, cela ne les intéressait pas. J’avais envie de raconter l’émergence du rap en France, mais ce que j’avais surtout envie de raconter à travers leur histoire, c’est ces 40 années d’abandon des jeunes de quartier par les politiques et c’est ce qui leur a plu! ».


Un premier pari réussi pour la réalisatrice qui a su respecter la volonté des artistes tout en gardant l’essence même de ce qu’elle voulait montrer à l’écran. À partir de là, se posait la question de savoir comment ces derniers avaient pris part au processus créatif tout au long du film. Audrey revient alors sur l’implication des rappeurs.
 
« J’étais avec Maricia Romano, coscénariste du film. On a déterminé le film qu’on voulait écrire, l’axe la période… Ensuite, on a fait des séances de consultations où je leur expliquais ce qu’on était en train d’écrire. […] C’est très compliqué de se faire déposséder de sa vie et de la voir réinterprétée à travers le regard de quelqu’un d’autre. Une fois la confiance établie, j’ai pu faire mon film tranquillement, ils ne sont jamais intervenus. »


Suprême NTM est un groupe phare de la culture HIP-HOP française, en plus d’être reconnu pour sa musique, il l’était aussi pour son implication et ses discours très politisés sur la situation des banlieues parisiennes dans les années 80-90. Un élément central dans le film d’Audrey et qu’elle souhaitait retransmettre à l’écran: La réalité des banlieues. Une tâche assez simple pour l’artiste qui a vécu en banlieue.

« Ayant grandi dans le 93 et en banlieue, je ne réfléchis absolument pas à mon entreprise puisqu’en fait, elle est naturelle. C’est une vie, une manière de se comporter, un décor que je connais par cœur. Ce sont des choses qui résonnent dans ta chaire. Moi j’avais surtout le souci que l’on comprenne ce moment où ils ont été dépassés. Ils ont un truc sublime, c’est quand même l’histoire de deux mecs à qui l’art donne une vie, c’est quand même beau.
Ils ont l’espoir qu’en prenant un micro, ils éveillent les consciences. Ce que j’ai essayé de retranscrire c’est cette volonté d’éteindre leur quotidien de dire: « Bah ouais, les gars, il y a un problème, il y a une jeunesse qui va mal et il faut faire un truc et d’un seul coup, tout ça, ça les dépasse parce que les banlieues s’embrasent de plus en plus, et les politiques disent que c’est à cause d’un groupe qui s’appelle Nique ta mère.
 »


Plusieurs années après, la situation des banlieues est restée la même, un sentiment de résignation émane des rues, Suprême, me dit Audrey, c’est aussi « […] une piqure de rappel, tu sais? Histoire de dire, vous avez vu les gars, en fait, ce qu’on vit, ce qui perdure, ça ne date pas d’aujourd’hui. »


Le duo Suprême NTM aura marqué la culture HIP-HOP française et il en est de même pour Audrey qui se rappelle encore ce que le groupe représentait pour elle à l’époque.

 

« Quand j’étais plus jeune, tu sais le foot n’avait pas cette place! Aujourd’hui, les jeunes ont Kylian Mbappé (également du 93), nous on avait NTM. Ils étaient les mecs qui avaient réussi à mettre le 93 sur la carte. C’était iconique qui représentait le 93 à part eux? »