Essam: « Je suis en combat perpétuel avec mon égo »
Avec l’arrivée du printemps, on vous introduit au rappeur québécois Essam. Grand admirateur du rap des années 2000, Essam est un artiste engagé porteur d’espoir et de courage à travers ses textes. Son album intitulé « JE T’AIME » est pour lui une occasion d’exprimer entre autre les deux catégories complémentaires du yin et du yang.
Pourquoi avoir choisi « Essam » comme nom d’artiste ?
En 2004, je voulais changer le nom d’artiste Kontak que j’avais choisi à l’âge de 12 ans. Un ami du secondaire pas mal high m’a dit : pourquoi tu ne t’appelles pas Essam ? Ça m’a pris un peu de temps avant de réaliser que c’était mon nom de famille à l’envers. On a bien ri. Je m’appelle Guillaume Masse, enchanté !
Tu as quel âge et tu viens de quel coin ?
J’ai 34 ans et je suis né à Québec. J’ai grandi dans le quartier Limoilou jusqu’à ce que je déménage en 2013. J’ai joué les ruelles de la basse-ville, jusqu’à ce que mes parents m’envoient dans une école secondaire dans le vieux Québec. Je suis donc un hybride entre la basse et la haute. Un mélange entre le bien et le mal. Entre l’amour et la haine. La dualité fait partie de notre dimension à ce qu’il paraît.
Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans le rap ?
Définitivement le groupe de rap Limoilou Stars Limoilou Style. J’allais beaucoup au parc d’Iberville sur la 1ière rue dans Limoilou et je les voyais souvent. Ils jouaient au basket avec leur gros système de son. Ils rappaient et même si je ne comprenais pas tous ce qu’ils disaient à cet âge je savais que je voulais être comme eux.
Pour un enfant, ils étaient comme des super-héros en guerre contre le 83! J’ai commencé à écrire et à rapper sur des beats gratuits téléchargé sur internet. J’ai fait aussi beaucoup de battle rap sur des forums internet comme Hiphopfranco et HHQC.
Anecdote : j’ai perdu un battle contre Koriass en 2006. J’ai beaucoup appris la technique là-dessus. Ça m’a permis de m’exprimer et de communiquer mes émotions. De vider ma tête et mon cœur en même temps. De transformer le négatif en positif par moment. J’ai toujours rappé pour le plaisir avec passion mais en 2022 j’ai comme ressenti que ça devait être plus sérieux.
Ton single « Deux mille » est disponible en ligne. Qu’est-ce qui t’a inspiré à écrire ce morceau ?
Deux Mille c’est la première chanson que j’ai écrite en mars 2021 après que mon ami d’enfance Arvenser m’ait envoyé son premier EP intitulé « Équilibre ». Je venais juste d’emménager dans un nouvel appartement en janvier 2021 après une séparation. Je voulais décorer un peu alors j’ai accroché au mur plusieurs pochettes de vinyles de rap quand j’ai vidé les boîtes.
Dans la chanson Deux Mille, il y a 49 références musicales à tous les artistes qui m’ont influencé depuis que je suis tombé en amour avec le rap en 1999. Est-ce que tu peux les trouver ? C’est en regardant le mur de mon appartement que j’ai écrit cette chanson. Ça faisait au moins 10 ans que je n’avais rien créé.
En 2022, les artistes hip hop font beaucoup de la Trap ou du Drill. « Deux mille » a une sonorité et une vibe très oldschool. Pourquoi ?
J’ai vraiment abusé du rap français et québécois pendant mon adolescence. Je suis quand même nostalgique et mélancolique. J’ai clairement fait une sortie de piste au tournant des années 2000. Chacun à sa perception du rap oldschool. Je ne suis pas trop dans les genres je fais de la musique que j’aime entendre c’est tout. J’essaie de vraiment travailler les textes et de les poser sur des samples. Garder le vibe le plus simple possible et laisser la place à l’énergie du message. La vie à fait que j’ai trouvé un gars qui s’appelle Mothbox. Il m’envoi du boombap magique qui me fait partir en écriture automatique… c’est un génie.
Ton premier album en carrière est sorti le 20 mars. Qu’est-ce que ce projet représente pour toi ?
Un premier album officiel, c’est comme un saut de l’ange dans le vide! J’ai toujours senti le besoin de partager ma musique. Je sors énormément de ma zone de confort car je l’ai fait par moi-même mais je suis très bien entouré. Par exemple; mon producer et ami King Jabby. Un autre génie. Aucune rencontre n’est le fruit du hasard… Les gens qui me connaissent savent que j’ai mis tous ce que j’ai là-dedans. Pour le meilleur et pour le pire. J’ai plusieurs chansons en réserve.
Que veux-tu que les gens retiennent de ta musique après l’avoir écouté ?
Mon écriture est comme un gâteau au fromage que tu manges en pleine nuit parce que ça ne dort pas. C’est lourd. Je ne cherche pas à faire la morale ou quoi que ce soit. Je me considère comme un poète avec sa plume qui chante sur un métronome entre 80 et 90 BPM. Je suis en combat perpétuel avec mon égo. Je passe par toute la gamme d’émotions en restant authentique à qui je suis. De Starseed à Cheval de 3. De la gratitude à la rage. Comme un fermier, je sème des graines et j’espère qu’elles vont germer. La vie n’est qu’un apprentissage. Mon album n’est que le documentaire d’un éveil créé avec tout l’amour que j’ai. Jusqu’à ce que je retourne là-haut comme une poussière d’étoile c’est tous ce que j’aurai possédé.
C’est lequel le meilleur album rap que tu as écouté dans ta vie ?
Ça c’est une bonne question et c’est très difficile de répondre. En 2021, j’ai redécouvert Youssoupha avec son album « Neptune Terminus ». Cet album m’a beaucoup inspiré pour « JE T’AIME ». La chanson Mon Roi m’a inspiré la chanson Je t’aime ou je parle à mon fils de la séparation de ses parents. Je peux dire la même chose de « ÉlévaZIIION » de Imposs du côté rap québécois. J’ai énormément de respect pour les vétérans qui ont défoncés les portes et qui ont placés le Québec sur la carte. Qui ont permis à des jeunes comme moi de s’exprimer à travers le rap. Je garde une place spéciale pour l’album « Mentalité Moune Morne » de Muzion. Rien à perdre!
Quelle est ta plus grande qualité et ton plus grand défaut ?
Ma plus grande qualité est mon coeur. La beauté de tout ça c’est que c’est une des choses que nous avons tous en commun. C’est cheezy dit comme ça, je le sais, je suis hypersensible même si ça ne parait pas trop. Souvent je manque de délicatesse, je peux blesser avec mes paroles sans en être conscient toute de suite. Il faut que je tourne ma langue un peu plus souvent avant de parler.
Apart le rap, dans quel autre domaine tu as du talent ?
J’ai gagné une Coupe Vanier avec le Rouge et Or en 2008.
Suivez Essam sur les réseaux
Cliquez sur l’image ci-dessous pour écouter l’album de Essam dès maintenant.
Écoutez dès maintenant son single « Deux Mille »
