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Publié le 9 août 2023 à 13h18

Ce rappeur de Québec dormait dans la rue en plein hiver

La rédaction du JDHH vous présente le rappeur québécois Rick l’Entourage. Éric Noël, de son vrai nom, a commencé dans le showbiz en tant que compositeur, il y a plusieurs années déjà. L’artiste de 39 ans a passé la majorité de son temps à réaliser des albums pour des amis et artistes indépendants de la province. À quelques semaines de la sortie de son premier album, Rick sera de plus en plus actif sur la scène hip-hop Qc. C’est d’ailleurs en exclusivité qu’il s’est confié à nous pour nous raconter son parcours de vie qui est loin d’avoir été une partie de plaisir.

 

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Voici ses réponses à nos questions.

 

Premièrement, d’où te vient le nom Rick L’Entourage ?

Rick a toujours été mon surnom et L’entourage c’est que j’ai gravité depuis le début autour du Groupe Otages L’entourage. En fait,  je suis comme une tentacule qui a poussé de tout ça.

 

En 2001, tu as débuté en faisant des compositions de tous genre et ce n’est qu’en 2006 que tu as décidé de faire du hip-hop. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans le rap ?

Mon meilleur ami, Moh Otages. En 2001, j’avais un groupe de Hardcore dont j’étais le chanteur. La moitié de mes amis écoutaient du rap et l’autre partie du punk, du death ou du Métal. Donc par les forces des choses, je me suis mis à me diversifier. Je faisais déjà de la musique électro à la maison donc j’avais déjà tout ce qu’il me fallait. J’ai donc essayé pour le fun de faire un beat rap et les boys ont tout de suite aimé la Vibe. Le tout a déboulé par la suite, 2006 j’ai commencé à monter le premier Album de Moh Otages sorti en 2008. 

 

À l’âge de 16 ans tu as vécu la rue en hiver et dormi dehors pendant 3 mois. Comment as-tu réussi à surmonter cette tragédie ?


Faut dire qu’à l’époque je ne voyais pas ça du même angle. Mais le mot d’ordre c’est de ne pas se laisser abattre. On finit toujours par trouver une solution ou une personne qui nous vient en aide. Pour ma part, ce fut mon grand père qui m’a sorti de la rue. La dernière nuit, je me rappelle que j’avais les doigts et les orteils gelés et que je n’arrivais pas à m’endormir, je respirais et je faisais de la grosse boucane, il devait faire -35. Je me rappelle m’avoir demandé si j’allais passer la nuit ou si j’allais être mort le lendemain matin. Lorsqu’une amie de ma mère m’a recueilli chez elle, c’est mon grand-père qui assumait les frais afin qu’elle puisse me garder chez elle. Mais je n’ai pas traîné. Le 22 janvier, 1 mois après être sorti de la rue, je suis retourné à l’école aux adultes où j’ai été reclassé en secondaire 3. Le 18 mars, je terminais l’école avec un secondaire 5 dans les poches et une entrée pour un DEP qui a débuté en septembre de la même année.  J’ai quand même eu un diplôme de secondaire 5 avant mes 17 ans, je serais sorti plus tard si j’étais resté à l’école dans le régulier. 

 

Qu’est-ce que tu aimerais dire pour encourager les personnes qui vivent actuellement dans la rue et qui se sentent abandonnés ?


L’important dans la vie c’est de foncer et si tu veux quelque chose va le chercher car personne le fera à ta place. Peu importe la situation avec de la détermination et du vouloir surtout, tout est possible. La rue est simplement un passage, un obstacle surmontable. N’ayez pas peur ou honte de demander de l’aide. Et N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul.

 

Tu as sorti ton clip récemment qui s’intitule « Monte dans l’ring », un extrait de ton premier album solo « Parce qu’il le fallait » qui sortira cet automne. À quoi on peut s’attendre de ce projet du côté sonore ?

Ça va être du gros Boombap . Des intrus lourds et des textes conscients et engagés. J’ai produit 75% des instrus, j’ai trois instrus de deux autres beatmakers, D-Low beats et CSR Beats.

 

 

Pourquoi avoir appelé l’album ainsi ?

Faut dire que l’idée d’avoir mon album marine depuis très longtemps. Pour plusieurs raisons, mon album devait sortir en 2018 mais finalement n’a pas été concrétisé par manque de temps et parce que je travaillais sur d’autres projets. Je participais activement sur l’album « Trainée de poudre » de Moh Otages.

Ensuite, la covid a freiné le projet. En 2021, je me suis dit : « Là,  c’est le temps ou jamais, faut que je le fasse ». Je voulais réaliser ce projet dans ma vie avant d’avoir vraiment manqué le bateau. C’est là que l’idée du titre m’est venue. Parce qu’il le fallait. C’était clair, fallait je le fasse.

 

Quelle est ta chanson préférée de l’album et pourquoi ?

Bonne question! L’album va avoir 12 chansons incluant l’intro alors dites vous que j’ai tordu le citron pour être capable d’en arriver à 12. Au départ, j’avais 22 titres que j’ai redescendu à 12 alors je te dirais que c’est mes meilleures de la gang. Par contre, j’ai peut-être un petit penchant présentement pour « Monte dans le ring », mais d’autres gros sons s’en viennent. Le vidéoclip est complètement fou et a été très plaisant à tourner.

 

 

Que souhaites-tu que l’on retienne de cet album une fois qu’on l’aura écouté ?

Tout le vécu qui est présent et qui se sent. Qu’on peut faire du rap sans être un gangster et juste  parler de gun, de crack, de pute etc. Que Rick L’entourage à des choses à dire, des messages à passer et qu’il n’est pas prêt de partir. Je veux que le monde voit que je ne suis pas sous-estimé, je suis prêt !

 

Selon toi, qu’est-ce qui te distingue des autres rappeurs du Québec ?

Je reste authentique, je ne joue pas de game et j’ai le bagage de vie qui vient nourrir mon inspiration. j’ai 39 ans, j’ai connu nouvelle et vieille école. Je crois que les gens vont se reconnaître plus qu’avec ce qu’on nous montre présentement dans le domaine. Je vais sortir 12 clips, d’ici Noël, alors dans la première année de ma sortie d’album, je vais avoir un album sous le bras et 12 clips qui vont circuler dont 6 avant la sortie de l’album. Ça n’a jamais été fait, je crois, encore au Québec. 

 

Des personnes que tu voudrais saluer pour conclure ?

Dans un premier temps, j’aimerais dire un gros merci à Tito, Anthony Janelle, mon partenaire au Studio ainsi que le Division Leader de Québec Baxwar (Battleaxe Warrior) dont je fais partie. Sa contribution à mon projet m’a été d’une grande aide. Mon caméraman, ingénieur de son, mon frérot Fragouler, Alexis Lebel Villeneuve, ton support, ta disponibilité et tes milles et un talent, merci pour tout. J’aimerais saluer tout le monde qui ont fait partie du projet de près ou de loin; les artistes invités ainsi que tous les supporteurs du Hip-Hop au Québec. C’est grâce à vous tout ça. C’est vous qui nous a donné l’opportunité et le gaz nécessaire pour continuer. Le plus grand des merci vous revient.

 

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Cliquez sur la vidéo ci-dessous pour regarder le clip « Monte dans le ring »