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Publié le 20 novembre 2021 à 12h42

Quand la diversité montréalaise passe à l’écran

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Quand la diversité montréalaise passe à l’écran – 
Entretien exclusive avec Jean-Yves Roux, président et fondateur de NATYF TV


Signature qui exprime la diversité montréalaise et diffusion optimisée par une application gratuite, voici la formule avec laquelle innove NATYF TV. Accréditée en tant que chaîne câblée par le CRTC, l’initiative mise sur de nouvelles manières de faire de la télévision. À l’origine de cette plateforme, Jean-Yves Roux. Figure exceptionnelle des médias, l’homme aux multiples chapeaux a également pris part à l’essor de la scène hip hop à Montréal.

« Avec le changement de lettre dans NATYF, on se réapproprie le sens d’un mot. Nous sommes tous et toutes de Montréal. » dit Jean-Yves

Grâce à une programmation marquée par des émissions à portée sociale et culturelle ainsi que de toute nouvelles téléséries, NATYF TV vise à exprimer avec tact le rythme de la vie actuelle à Montréal.

 

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À la suite de démarches effectuées avec succès auprès du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), NATYF TV se trouve à présent reconnue en tant que chaîne câblée. Depuis juin 2018, le public peut accéder grâce aux réseaux de Bell et Vidéotron à ses émissions en onde partout au Québec.

 Vecteur de diffusion auquel s’arrime tout aussi bien la nouvelle chaîne, le web se prête bien à sa stratégie de diffusion. En effet, le contenu de NATYF TV se trouve maintenant en ligne grâce à une application gratuite.  « Cela nous permet de rejoindre les nouvelles générations, qui ont bien davantage le réflexe d’aller sur le web que d’allumer la télévision », dit-il.

Bien sûr, l’application peut aussi ouvrir des horizons à la chaîne au-delà du Québec.

 

 

En 2021, la télévision passe par les nouvelles technologies. Une conviction profonde pour Jean-Yves, qui raconte qu’une présentation il y a une dizaine d’années à C2 Montréal avait eu l’effet d’un déclic pour lui. « L’acteur et réalisateur Kevin Spacey était venu raconter qu’il préparait une série destinée à une plateforme Web, ce qui était complètement nouveau à l’époque. Cette série, c’était House of Cards, qui allait être diffusée sur Netflix. » dit-il

 

Combat Actuel 

Au cœur de NATYF TV, un combat actuel et vital – celui de la diversité à l’écran. Jean-Yves fait partie des artisans et des artisanes de l’industrie télévisuelle qui travaillent à mettre en échec le racisme systémique qui s’exprime jusqu’à ce jour de manière si aberrante à la télévision au Québec.

 

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« Il ne suffit plus en 2021 de revendiquer plus de diversité, nous devons passer à l’action et c’est ce que nous faisons avec nos émissions. 
Bien sûr, notre programmation laisse aussi place à des discussions qui font avancer la réflexion à propos de ces enjeux. » affirme l’entrepreneur.

Cette vision, l’entrepreneur la développe des années. Il raconte qu’une rencontre déterminante à la mise en œuvre de NATYF TV fut celle du fondateur de Much Music, le célèbre Moses Znaimer.

« C’est en échangeant avec M. Znaimer à ses bureaux de Toronto, que j’en suis venu à bien définir la chaîne. » dit celui qui avait initialement comme ambition de créer une vitrine télévisuelle pour à l’industrie musicale émergente. « J’ai compris que je devais aller plus loin que la musique et que ce qui porterait fruit, c’était réellement de faire place à la diversité. »

 

De Brooklyn à Montréal 

Aux yeux de Jean-Yves, le hip hop occupe un rôle d’avant-garde dans l’avancement de ce combat social. Un constat fait en toute connaissance de cause. Sous le nom de Spike, celui qui a grandi dans le quartier Saint-Michel allait être des premiers MC à Montréal.

Dans les années 1990, il fonde le collectif KZ Kombination.

 

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« Le hip hop m’a baptisé », dit-il.

Enfant, ses parents l’envoient passer l’été chez d’autres membres de sa famille à New York. « Mon amour pour la culture hip hop vient de Brooklyn. Je n’ai pas découvert le rap à la télévision ou dans les journaux, le freestyle et les battles à ce moment étaient bien visible dans les rues de cette grande ville. » mentionne-t-il.

À Saint-Michel, il s’inspire de cette expérience pour mobiliser d’autres jeunes. « À Côte-des-Neiges et à Notre-Dame-des-Grâces, les communautés étaient déjà imprégnées par la culture hip hop.Nous étions très influencés par Wu Tang Clan. » a-t-il expliqué. 

Ce mouvement se fait aussitôt multilingue. « C’est en créole haïtien et en espagnol que chantaient les premiers artistes hip hop à Montréal. Notre groupe est le premier qui est venu pousser le mouvement du rap créole. » a précisé Jean-Yves.

 

Au moment où voit le jour KZ Kombination, le rap constitue encore un genre musical encore marginal au Québec. « Musique Plus avait une émission qui s’appelait Rap Cité, animée par le rappeur Kclmnop. On a fait une entrevue et cela nous a motivés à prendre ce chemin. » dit-il.

 

 

Le succès que rencontre le premier album de la formation prend alors de court celui qui en assure le management. « Mon numéro de cellulaire était sur le disque et soudain, les gens m’appelaient de partout pour me demander quels étaient nos cachets pour faire des spectacles. On a suivi la vague et nous avons fait une tournée à travers tout le Québec. » a illustré l’entrepreneur. 


Un second album suivrait en 2000. C’est à ce moment que Jean-Yves décide d’entreprendre une carrière dans l’industrie du spectacle. Il prend alors les rennes des Disques Mont Real, une entreprise incontournable dans le hip hop au Québec.

En effet, c’est sous la bannière de Mont Real qu’émergent des artistes comme Sans Pression et Yvon Krevé. Avec Mont Real, il organise aussi des tournées d’artistes légendaires de l’Hexagone au Québec. Il chapeaute notamment des spectacles d’Oxmo Puccino et Ludacris. Avec l’essor de noms comme Bad News Brown, El Chapin ou encore Muzion, il s’agit d’un moment charnière pour l’évolution de ce mouvement à Montréal.

 

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Par ailleurs, l’entrepreneur se distingue aussi par ses initiatives médiatiques. ll fonde différents médias et en particulier, le magazine Unistar. Magazine papier, celui-ci constitue un des premiers médias écrits hip hop au Québec et se révèle ainsi être un ancêtre de médias comme le Journal du Hip Hop.

« C’était le début d’un mouvement » note Jean-Yves. « Aujourd’hui, je poursuis dans les médias la même mission. »