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Publié le 4 décembre 2017 à 15h34

Chacalcolik « Ma musique vaut plus la peine d’être écoutée que mes battles » (entrevue exclusive)

Aujourd’hui, JDHH vous présente une intéressante entrevue avec le rappeur Chacalcolik de la formation Metastars au sujet de sa carrière solo, de sa participation au rap contenders, et de l’industrie hip hop au Québec. Voici ses réponses à nos questions.

 

 
Premièrement, quelle est la signification de ton nom d’artiste Chacalcolik et d’où t’est venu ce nom ?
 
Le chacal ça vient d’un vieux film qui s’intitulait « les 13 fantômes », à un moment il y a une scène où les fantômes de l’immeuble sont décrits l’un après l’autre, le 12e est le chacal et le descriptif de celui-ci m’a beaucoup plu. Le colik est plus comme un nom de famille, mais ça vient du fait qu’à cette époque je buvais énormément. Mon 1er projet a jamais vu le jour car je finissais les enregistrements trop saoul. Depuis la signification du nom a beaucoup changé.
 
Les 6 dernières années, tu as participé à de nombreux battles, selon toi, est-ce que ça a été utile dans l’avancement de ta carrière ?
 

Ça m’a donné beaucoup de visibilité durant un certain moment. Ça m’a beaucoup fait avancer côté création mais je pourrais pas en dire autant pour ma carrière. Dans la vie tout est une question de timing, le mien a été bon mais pas parfait. Beaucoup de gens ont découvert mes chansons grâce au Word up, ça m’a permis d’acquérir une crédibilité raisonnable, mais j’en ai tiré aucun acquis palpable à long terme. Ce qui ne me dérange pas forcément, ce n’était pas mon but à la base : je vis bien avec.

 
 
Depuis la sortie de ton album solo « Naissance » sortie le 4 mars 2015, pourrais-tu nous dire ce que tu aimes et ce que tu aimes moins de l’industrie hip hop au QC ?
 

Je n’aime pas grand chose de l’industrie hip-hop au Québec. Je trouve qu’elle est trop axée sur le rappeur et pas assez sur la chanson. J’aimerais une industrie qui englobe au lieu de sélectionner et qui dirige au lieu d’ignorer.

 
Quelle est la meilleure chanson que tu as écrite depuis tes débuts et pourquoi ?
 

La chanson « Institutions », en feat sur l’album « Ça sachet d’pot » de Baggies, a eu beaucoup de répercussions sur mon trajet, c’est aussi celle qui a eu le plus d’échos. C’est une chanson que je cherchais à l’intérieur de moi depuis très longtemps. Ce fût aussi, de manière indirecte, l’élément déclencheur de mon groupe Metastars. C’est l’une des rares chansons dans laquelle j’ai réussi à mettre beaucoup plus de Mathieu que de Chacal. J’ai toujours trouvé difficile de mixer introspection et storytelling.

 
Quel est ton meilleur album rap de tous les temps ?
 
Fonky Family« Art de rue » sans hésitation. J’ai souvent dit que cet album a lui seul m’en a appris plus que mon père et l’école réuni. Il est arrivé à un moment crucial dans ma vie et m’a énormément aidé à affronter le quotidien. Je l’ai reçu en cadeau à Noël et rendu au jour de l’An je connaissais déjà les 10 premières tracks par cœur haha.
 
 
En juin 2016, ton groupe et toi avez sortie un album intitulé « Premier symptôme »….on sait que parfois c’est dur de travailler en groupe surtout lorsqu’on est un artiste solo. Peux-tu nous dire comment s’est déroulé le processus d’enregistrement ?
 

À cette époque le mode opératoire était le suivant :
Le vendredi je descendais chercher Baggies à Ste-Julie et on freestylait tout le trajet en descendant chez Raiden à Sorel. Ensuite j’enregistrais les tracks pour mon album « La naissance » et/ou Baggies enregistrait celles pour « ça sachet d’pot ». Après les recs c’était chilling + brainstorming et on re-freestylait le temps de redescendre jusqu’à Ste-Julie.

Bagg et moi, on a complété nos albums au même moment et on s’est dit qu’on devrait faire un EP en duo de 3 ou 4 tracks maximum. Après le 1er track, « Apoplexie », Raiden nous a proposé de faire « Mutants » avec lui alors on a voulu ajouter ce track au concept. Ensuite il y a eu d’autres ajouts, Raiden s’est ajouté au groupe d’abord en tant que beatmaker et peu après en tant que rappeur , ensuite d’autres ajouts, et d’autres ajouts etc. L’album s’est créé tout seul, on s’entre-motivait énormément et on avait vraiment une bonne connectivité. On a continué sans jamais forcer, sans jamais rien prévoir, jusqu’à ce que chacun retourne à sa propre route. Je suis heureux d’avoir pu créer une aussi grande chimie avec des artistes de leur gabarit.

 
Un peu plus tôt cette année, tu as eu le privilège de voyager en France dans le cadre du « Rap contenders » pour affronter Louvar. As-tu aimé l’expérience et le ferais-tu à nouveau si tu en avais la possibilité ?
 

Je suis heureux d’avoir vécu cette expérience, je me rends compte de la chance que j’ai eu, c’était mon plus grand rêve quand j’étais plus jeune et j’ai travaillé énormément fort pour m’y rendre, ça fait du bien de récolter les fruits de ses efforts. Ce qui est dommage, c’est que cette expérience s’est déroulée 3 ans trop tard. Lorsqu’on m’a proposé Louvar, j’étais à la retraite du battlerap depuis un bon moment. Le public français avait déjà sauté une génération, je ne savais pas que ce serait non-jugé ni que je serais main event, bref les conditions étaient pas dans l’idéal pour moi. J’ai adoré l’expérience mais ça n’a fait que renforcer mon envie de passer à autre chose. D’un point de vue personnel, je trouve que ma musique vaut plus la peine d’être produite et écoutée que mes battles.

 
À part le rap, dans quel domaine as-tu aussi du talent ?
 

J’adore le freestyle, je fais beaucoup d’introduction au freestyle avec des gens de tous milieux, j’espère pouvoir un jour offrir des ateliers dans ce domaine. Je suis calé en français, je fais de temps à autre des correctifs de travaux cégépiens/universitaires et des correctifs de pochette d’album. Je suis dessinateur autoCAD en 2D et en 3D, je compte un jour ajouter l’animation comme corde à mon arc. Je suis très doué pour faire des jeux de mots poches à longueur de journée aussi, j’arrête jamais haha

 
Dans ta vie de tous les jours, à quoi ressemble ton quotidien ?
 

Je travaille à la même place depuis 12 ans, j’ai beaucoup monté d’échelons avec les années alors je me consacre sérieusement à mon travail. Le reste de mon temps je le divise 51% à ma femme, 49% à ma musique. Tous les vendredis soirs sont réservés au studio et tous les dimanches sont réservés à ma femme, c’est la clé du succès de mon mariage.
J’écoute beaucoup de rap français et je suis un gros collectionneur d’albums de rap (copies physiques uniquement). 90% de la musique que j’achète et écoute c’est du rap français / québécois de 1996 à 2008 et ce depuis toujours. Le reste de mon temps libre j’essaie de le partager entre freestyle, écriture et vente de mes albums. La majorité de mes ventes se font de main-à-main.

 
Quelle est ta plus grande qualité et ton plus grand défaut ?
 

Ma plus grande qualité, je dirais ma passion. Avec le temps, j’ai appris à me fasciner sans m’aveugler.
Mon plus grand défaut est probablement mon intensité. Ça peut sembler bénéfique vu de loin mais plus les gens s’approchent et plus ça les consume. Le gros problème avec l’intensité c’est qu’on a toujours l’impression de la perdre, dans mon cas ça m’a fait devenir un éternel insatisfait.

 

 

Chacalcolik & LeMind – Petit géant 

 

Chacalcolik & Lodgicko – Total Délirium